Aimé Van Rod

Aimé Van Rod. Visites fantastiques au pays du fouet. Illustré de gravures et de nombreuses illustrations par G. Topfer. Paris: Librairie artistique et Édition parisienne réunies, (1922).

Voici un savoureux petit roman de flagellation comme savait si bien les écrire le prolifique Aimé Van Rod. Mais plus qu'un simple roman érotique fétichiste, sado-masochiste, c'est également un roman fantastique! En effet, le livre commence par la visite d'Asmodée, le Diable Boiteux, au riche banquier Haltmayer, qui, tirant sur sa pipe, rêvassait à des fesses de sufragettes à fouetter. Le démon, percevant ces suaves pensées, débarque par la fenêtre chez le bon Haltmayer et lui propose un petit voyage sur son dos velu. Direction l'Angleterre, réputée pour la rudesse de son éducation et ses étranges pensionnats de jeunes filles. Haltmayer jubile. Il assistera à de multiples scènes de flagellation, d'humiliation qui raviront ses désirs pervers. De plus, pour profiter encore mieux du spectacle, les deux acolytes voyeurs sont invisibles, passent à travers les murs et lisent dans les pensées des protagonistes!

Deux voyages dans deux pensionnats distincts constituent le sommaire de ce curieux roman richement illustré par Georges Topfer, alias Gaston Smit, déjà croisé sur le carrefour.

Michel Fardoulis-Lagrange

Michel Fardoulis-Lagrange. Volonté d'impuissance. Messages 1945. Dessins de Raoul Ubac, préface de Michel Leiris.

Retour de vacances

Dénichés pour 1 euro symbolique sur la place Saint-Michel de Bordeaux:
un classique de l'auteur du Grand-Guignol Maurice Level aux Editions Cosmopolites, coll. du lecteur n°118 (non daté) et L'Initiation à la peur de Thomas Owen publié par Jean Ray aux Auteurs Associés, Bruxelles, 1942.

Noir retro - Editions Plon, 2010.

Pour les amateurs de vieux bidules populaires tout bizarres, les occasions de se réjouir en librairie sont assez rares. Alors le jour où j'ai appris que Plon, éditeur dont je n'attends à peu près rien, sortait une collection de rééditions de vieux polars de gare (mais pas que), mon sang s'est mis à imiter les flots du Yang-Tsé-Kiang à l'intérieur de mes veines, débordant de mon corps tel un tsunami horrifique. En gros j'étais jouasse. Au programme des festivités de "Noir retro", deux titres déjà parus en librairie:
Attention les fauves de Brice Pelman, un roman noir à peu près bien mais hélas pas transcendant sorti au Fleuve Noir en 81.
Le topo: deux jumeaux, Marieke et Patrick, vivent avec leur mère sur les hauteurs de Nice. Jourdain, leur voisin un peu malade des boyaux de la tête et de la zigounette, viole la mère et la tue en l'étouffant. Les enfants découvrent le corps de Doria et décident alors de tout faire pour éviter la pension. Un seul moyen s'impose à eux, faire comme si leur mère était toujours en vie, ne prévenir personne. On se doute bien qu'une telle situation est intenable. Débute alors un huis-clos assez captivant tout de même, tendu, noir et bien mené malgré une écriture assez pauvre qui plombe un peu le sujet du livre qui lui, était taillé dans l'or le plus pur. Un peu dommage mais tout cela n'est pas bien grave car le deuxième titre est un classique d'Auguste le Breton, Du rififi chez les femmes! Et c'est encore moins grave car on annonce pour les prochains mois Rictus de Ferrière, Le demi-sel d'André Héléna (grandiose!), Le doulos de Lesou et Noël au chaud de G.J. Arnaud !
Pour couronner le tout, les maquettes ont de la gueule (V.Podevin à la création graphique, dites moi que c'est une blague), c'est moins de 10 euros et c'est foutrement bien fait (petit topo sur l'auteur, bibliographie, reproduction des couvertures originales). Manquait qu'une préface mais on n'a pas tellement envie de reprocher quoi que ce soit à une si noble initiative!
D'ailleurs, Nathalie Carpentier, très chère directrice de cette collection, j'ignore qui vous êtes mais je vous aime de tout mon sang!


JEAN-PIERRE MARTINET


Un tel titre de post méritait bien l'usage de capitales. Jean-Pierre Martinet est mon idôle, je mange du Jean-Pierre Martinet, Jean-Pierre Martinet est mon ami sur facebookdelaudela.com, Jean-Pierre Martinet a sa gueule sur mon bagde préféré, mes futurs enfants iront tous les ans sur la tombe de Jean-Pierre Martinet, Jean-Pierre Martinet casse des briques en enfer, faites du bruit pour JEAN-PIERRE MARTINET !, dis-je en imitant Joey Starr sur le plateau de l'école des fans.

Editions originale de L'ombre des forêts, Ed. La Table Ronde, 1986.
(Et si par bonheur quelqu'un a l'amabilité de me procurer une image de la couverture de l'édition de Jérôme au Sagittaire, ou de La Somnolence chez Pauvert, je lui baise les pieds par avance)

Oncle Archibald

Pour les amoureux de vieilles couvrantes pin-upées (mais pas que), voici un lien bien utile:
http://jef-de-wulf.blogspot.com/

Oncle Archibald y propose un catalogue chronologique des couvertures réalisées par le grand illustrateur Jef de Wulf que tout bon amateur de littérature populaire se doit de connaître.
En cliquant sur le profil d'Archibald, vous découvrirez les autres blogs dont il est l'auteur. Bonne visite.


Gustave Binet-Valmer

Dans la série des livres qu'on achète pour la couverture, voici Du printemps à l'automne de Gustave Binet-Valmer (1975-1940). Signée G.Oudard (si on lit bien), le dessin de couverture et celui de la quatrième laissaient suggérer un texte fleurant bon le fantastique et l'étrange liés à quelque intrigue amoureuse. Au final il s'agit de "contes d'amour" d'un intérêt assez inégal mais qui, pour n'en avoir lu qu'une partie, ne m'ont pas non plus laissé indifférent. Binet-Valmer fut en son temps l'auteur de quelques best-sellers dont certains seraient sûrement à redécouvrir aujourd'hui tel ce Lucien (Ed. Ollendorff, 1910) qui aborde paraît-il le thème de l'homosexualité avec intelligence. Ne l'ayant pas lu, je me réfère à l'article dont je donne le lien ci-dessus. J'apprends également ici que Simenon fut un temps son secrétaire. Ce dernier confie à Francis Lacassin:
Je me rapprochais de mon ambition : j'étais devenu secrétaire d'un romancier. Au cours d'un banquet, mon père avait parlé avec son voisin de table de moi et de mon prochain départ pour Paris, où je n'avais pas encore d'emploi. Ce monsieur lui avait proposé de me recommander à un de ses amis écrivains qui cherchait précisément un secrétaire. Il s'agissait d'un homme bien oublié aujourd'hui, Binet-Valmer. Il publiait chaque année, alors, un roman en feuilleton dans le Journal, un ou deux autres dans les Œuvres libres de Fayard, et à peu près un conte par semaine, ailleurs. Mais il n'était pas tellement connu par la valeur de ses oeuvres que par son activité mondaine et politique. Il était — à l'époque c'était quelque chose d'important — président de « la Ligue des Chefs de section et des Anciens Combattants ». Je croyais devenir le secrétaire d'un écrivain. Pas du tout. On m'a mis dans un petit bureau où s'entassaient deux dactylos, dont la secrétaire de Binet-Valmer, et un monsieur qui était vaguement secrétaire de la ligue. Il m'a fait copier, en une vingtaine d'exemplaires chaque, et à la main, des quantités d'adresses. Tout cela pour rassembler, le cas échéant du jour au lendemain, des chefs de section et des anciens combattants. C'était l'époque où il commençait à y avoir des mouvements sociaux contre Poincaré, la Chambre bleu horizon venait d'être élue. Une fois de plus, je tombais exactement du côté contraire à mes convictions."
Ailleurs, on apprend de BV qu'"il se mêlait en même temps à la politique active et fut, dans de nombreuses conférences, un des orateurs de l'Action française"
Un bien étrange monsieur donc...