Sur French book covers, nous avions déjà posté deux couvertures des éditions de Lutèce, première période. Sur le Carrefour, c'est le fascinant Messes Noires qui nous avait intéressé en 2008. C'est sous cette enseigne discrète (située au 33 Rue Pixérécourt à Paris) dirigée par S. Ragoneaux que fut publiée La Papesse du Diable, derrière lequel se cacheraient Robert Desnos ou Ernest de Gengenbach (également soupçonné d'être l'auteur de Messes Noires), ou les deux, ou aucun des deux. Bref, quelques mystères planent.
Quoi qu'il en soit, cet éditeur du début des années 30 avait un goût prononcé pour le bizarre, l'érotique et les superbes couvertures mauvais genre comme nous les aimons ici.
Pour preuve cette incroyable illustration pour La Raison de Vivre signée Wagner, K Wagner ou HK Wagner (les experts graphologues n'ont qu'à me donner leur avis). Le côté expressionniste allemand de cette scène riche en détails, l'originalité de la composition, et la puissance évocatrice du tout sont remarquables !
Le roman quant à lui n'a rien de sensationnel quant au style, on peut même dire qu'il est écrit comme de la merde sans risquer les insultes de quelque fin lettré de l'underground. L'histoire elle, possède quelques éléments bienvenus. En gros il s'agit du portrait de deux amants hors-la-loi: Georges Lobel qui vient de sortir de prison pour avoir géré une boîte un peu louche dans laquelle quelque "coco, morphine" etc. se seraient glissé, et Gisèle, surtout Gisèle, jeune fille rebelle qui après avoir foutu un bébé qu'on lui avait confié sur des plaques chauffantes s'est enfuie de sa famille avec un jardinier avant de rencontrer la belle Raymonde dans un dancing. Sa découverte du lesbianisme donne lieu a des passages un peu osés :
"Laisse-moi aller doucement à te dévêtir, je devine que je vais continuer à découvrir de véritables trésors; laisse mes lèvres courir sur ce corps superbe [...] et cette touffe remplie de rosée, c'est la fortune qui se trouve dominer ces cuisses qui paraissent faites de marbre; ces mollets comme ils sont fiers et pleins d'orgueil" etc. etc.
Puis c'est en tant que prostituée que la Gisèle continue son oeuvre démoniaque. Elle rencontre un homme plein aux as et lui fait miroiter un mariage pendant qu'elle séduit son fils, l'enivre et lui fait l'amour avant de le saigner et de... boire son sang, mais oui ! Le roman prend enfin une tournure intéressante !
"Contemplant ce corps qui, sur un dernier râle, paraissait abandonné de vie, elle le sacrifia entièrement, se gorgeant de sang, qu'elle avalait par aspiration régulière. Elle se leva, bavante, les yeux fous, et encore une fois se donna au démon qui la hantait".
Après avoir balancé le corps sur une ligne de chemin de fer, elle dispose près de lui les papiers de son premier amant Georges Lebel, laissant croire à un suicide. Le fils tué, elle demande à Georges de tuer le père. Une fois l'acte accompli, elle lui révèle qu'il vient de tuer son père (et donc qu'elle a tué son frère)... et après un discours ridicule ("Regarde! Que vois-tu? Rien sauf moi, tu es la moitié du monde, je suis l'autre moitié; si j'ai pu prendre ce qui est en toi, je suis donc le tout. Eh bien! Je l'ai pris, tu es devenu inutile; donc tu vas mourir"......), la fin machiavellique et tragique que l'on attendait tous advient... Euh voilà. On est quand même loin de Dostoïevski mais bon, on est chez Lutèce!
Et l'auteur me direz-vous, André Brassart, eh bien je ne sais pas du tout de qui il s'agit !
Quoi qu'il en soit, cet éditeur du début des années 30 avait un goût prononcé pour le bizarre, l'érotique et les superbes couvertures mauvais genre comme nous les aimons ici.
Pour preuve cette incroyable illustration pour La Raison de Vivre signée Wagner, K Wagner ou HK Wagner (les experts graphologues n'ont qu'à me donner leur avis). Le côté expressionniste allemand de cette scène riche en détails, l'originalité de la composition, et la puissance évocatrice du tout sont remarquables !
Le roman quant à lui n'a rien de sensationnel quant au style, on peut même dire qu'il est écrit comme de la merde sans risquer les insultes de quelque fin lettré de l'underground. L'histoire elle, possède quelques éléments bienvenus. En gros il s'agit du portrait de deux amants hors-la-loi: Georges Lobel qui vient de sortir de prison pour avoir géré une boîte un peu louche dans laquelle quelque "coco, morphine" etc. se seraient glissé, et Gisèle, surtout Gisèle, jeune fille rebelle qui après avoir foutu un bébé qu'on lui avait confié sur des plaques chauffantes s'est enfuie de sa famille avec un jardinier avant de rencontrer la belle Raymonde dans un dancing. Sa découverte du lesbianisme donne lieu a des passages un peu osés :
"Laisse-moi aller doucement à te dévêtir, je devine que je vais continuer à découvrir de véritables trésors; laisse mes lèvres courir sur ce corps superbe [...] et cette touffe remplie de rosée, c'est la fortune qui se trouve dominer ces cuisses qui paraissent faites de marbre; ces mollets comme ils sont fiers et pleins d'orgueil" etc. etc.
Puis c'est en tant que prostituée que la Gisèle continue son oeuvre démoniaque. Elle rencontre un homme plein aux as et lui fait miroiter un mariage pendant qu'elle séduit son fils, l'enivre et lui fait l'amour avant de le saigner et de... boire son sang, mais oui ! Le roman prend enfin une tournure intéressante !
"Contemplant ce corps qui, sur un dernier râle, paraissait abandonné de vie, elle le sacrifia entièrement, se gorgeant de sang, qu'elle avalait par aspiration régulière. Elle se leva, bavante, les yeux fous, et encore une fois se donna au démon qui la hantait".
Après avoir balancé le corps sur une ligne de chemin de fer, elle dispose près de lui les papiers de son premier amant Georges Lebel, laissant croire à un suicide. Le fils tué, elle demande à Georges de tuer le père. Une fois l'acte accompli, elle lui révèle qu'il vient de tuer son père (et donc qu'elle a tué son frère)... et après un discours ridicule ("Regarde! Que vois-tu? Rien sauf moi, tu es la moitié du monde, je suis l'autre moitié; si j'ai pu prendre ce qui est en toi, je suis donc le tout. Eh bien! Je l'ai pris, tu es devenu inutile; donc tu vas mourir"......), la fin machiavellique et tragique que l'on attendait tous advient... Euh voilà. On est quand même loin de Dostoïevski mais bon, on est chez Lutèce!
Et l'auteur me direz-vous, André Brassart, eh bien je ne sais pas du tout de qui il s'agit !
Pour compléter ce post, quelques illustrations liées aux éditions de Lutèce première période, celle que nous préférons (à partir des années 50 Lutèce édite surtout de la bande dessinée, des romans policiers comme L'Agence Héléna et nombre de romans populaires et sentimentaux).
Il semblerait qu'en dehors des polissonneries et des fictions ésotériques, les éditions de Lutèce aient aussi publié des livres d'histoire (cf. Charles Vaudet. Livre sans jaquette?) et d'actualité.
Nous cherchons toujours les couvertures des titres suivants:
Paul Roue. Sex appeal. non daté
Jeanne Humbert. Sous la cagoule. À Fresnes, prison modèle. Préface de Sébastien Faure. Dessins et croquis d’André Doubin, 1934
Georges Anquetil. Hitler conduit le bal. 1939